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Allô ! C’est pour un dernier mot  d’Aurore Ponsonnet

Parce qu'il n'y a pas que des légumes oubliés, mais
aussi des verbes et des mots, j'en déterre quelques-uns
pour vous. Une belle occasion
de cultiver ensemble notre connaissance de
la langue française.
Ce mois-ci : peler

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Peler


Spéciale dédicace aux personnes « en situation de sobriété subie » (communément appelées « les pauvres ») :

La Cigale ayant climatisé tout l’été
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Elle alla crier : « Je me pèle le cul »
À la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Un radiateur pour subsister.
Vous vous pelez le cul ? Je m’en tape.
Enfilez donc un col roulé !

Un peu d'étymologie

Le verbe peler, issu du bas latin pilare, dérivé de pilus (qui a donné poil) a d’abord signifié « enlever les poils ». Dans l’expression familière « trois pelés et un tondu », on fait allusion aux chauves qui n’ont plus un poil sur le caillou. Tiens, à ce propos, quand on est « à poil », on n’est pas « velu », mais « tout nu »… Le verbe peler a perdu son sens premier. Il a été rapproché de l’ancien français pel (peau). Peler, désormais, c’est « enlever la peau » (tandis qu’épiler c’est « enlever les poils », on y revient). Si allumer les radiateurs vous coûte la peau du cul, alors vous vous pèlerez… le cul (ce mot se retrouve dans moult expressions), vous direz : « Boudiou, on pèle par ici ! »… Cela ne signifiera pas que vous allez vous enlever la peau des fesses, mais que vous avez froid (se peler est ici utilisé par allusion à l'action du froid sur la peau). Ainsi, vous aurez la peau ansérine (c’est-à-dire la chair de poule). La solution ? Sobriété… et col roulé !
Aurore Ponsonnet