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Interview : Claudia Rivera

Claudia Rivera, aka @crocoqueen, est une photographe parisienne d’origine péruvienne de 23 ans. J’ai retrouvé cette artiste engagée pour sa communauté au Croco, dans le Marais. Elle m’a présenté Ñañaykuna, son nouveau projet.

Photo : « Renata Flores », Ayacucho (Pérou), 2021, Claudia Rivera – @crocoqueen

Tu fais de la photographie depuis quand ?

Je sais pas vraiment s’il y a un moment où j’ai commencé la photo, ça fait partie de ma vie depuis que je suis toute petite. Dans le sens où je voyais mon père avec un caméscope quand j’étais enfant. Quand il allait au Pérou, il filmait des proches de nos amis péruviens qui étaient en France et comme à l’époque il n’y avait pas WhatsApp, quand il revenait en France, on faisait des projections de ces vidéos à la maison où on invitait tous ces gens-là pour qu’ils puissent voir leurs familles. Quand j’ai commencé à aller au Pérou, j’avais 5 ans, j’ai commencé a prendre le caméscope de mon père et à filmer. C’est grâce à ça que j’ai commencé à voir la valeur de l’image, de la photo et de la vidéo, pour transmettre des messages. J’ai fait ça jusqu’à 14-15 ans. Ensuite je me suis acheté mon propre appareil et j’ai commencé à photographier ma famille au Pérou parce que j’ai eu conscience très jeune que ma famille avait une culture très imprégnée et j’ai eu ce besoin d’archiver. Avec le temps, ça s’est développé à Paris et j’ai commencé à photographier d’autres choses.

Tu as posté ta première photo sur Instagram en 2017 : à quel moment tu t’es dis que ton travail pouvait plaire ?

Au début, je postais sur Instagram pour partager les photos que je faisais de ma famille. Au bout d’un moment, je me suis dis que c’était peut-être bien ce que je faisais. (rires) Puis j’ai été contactée par le fondateur d’Écho Banlieues qui m’a proposé de faire des photos pour eux. J’ai fait de plus en plus de photos qui étaient partagées par ce média. Ça m’a permis d’avoir beaucoup de retour positifs sur mon travail. Par la suite, je me suis investie sur mes projets perso. J’ai commencé par mon projet sur les femmes latinas : Ñañaykuna.

Tu travailles toujours avec Écho Banlieues ?

Non, pour le moment, c’est un peu en stand by. Mais on va sûrement faire de petites collaborations de temps en temps.

Ton plus gros projet du moment, c’est Nanaykuna. Comment t’en es venue à le créer ?

De base, c’est mon projet de mémoire. Je suis en master d’études de genres à Paris-8 et j’ai fait mon mémoire sur la représentation des femmes latino-américaines en France. J’ai pas voulu rester dans un mémoire hyper universitaire, mais plutôt créer un fanzine pour accompagner mon mémoire. C’était une question très importante pour moi et peu abordée en France. J’avais besoin d’avoir un autre support qu’un mémoire universitaire très élitiste que personne n’allait lire. Grâce au médium de la photo, ça allait devenir accessible pour un plus grand nombre et j’allais pouvoir le partager sur mes réseaux sociaux. Du coup, j’ai commencé à photographier des proches qui sont latinas. Au fur à mesure, en postant en story Instagram quelques backstages, il y a eu de plus en plus de filles intéressées par le projet. J’ai shooté beaucoup plus de femmes que prévu.

D’ailleurs, t’as fini par l’exposer ?

Oui, toujours dans cette optique de créer des espaces pour les femmes latino-américaines, j’ai voulu aller plus loin quand j’ai vu que le projet marchait. J’ai fait le premier événement en mars 2022 : ça a donné un événement qui suit le concept du projet. J’ai invité des artistes à exposer avec moi, que des femmes latinas et il y avait également des musiciennes qui ont performé, il y avait du tatouage, de la bouffe sud-américaine…

Ton travail, tu comptes le centrer uniquement sur les femmes ou sur la communauté latino en général ?

Je pense me focaliser sur la communauté latino en général mais il m’arrive d’avoir des jobs comme avec Foot Locker qui ne sont pas sur ce sujet. Pour mes projets perso, je compte rester sur la communauté latino et continuer de la mettre en avant comme lorsque je fais des shooting pour le traiteur Sazón qui fait de la bouffe.

Toujours dans cette démarche de mettre en lumière cette communauté, est ce que tu as des projets différents de la photographie ?

Oui, j’aimerais beaucoup continuer les événements. D’ailleurs, je lance un festival qui durera tout le mois d’octobre et qui s’appelle le Sabor Latino Month, inspiré du Latin Heritage Month aux États-Unis. Tout le mois d’octobre, il va y avoir des événements autour des cultures latinos-américaines : des journées autour de la gastronomie, des jam sessions, des talks, des projections… J’aimerais beaucoup continuer à developper ce genre de projet car il n’y a pas beaucoup d’événements comme ça à Paris, et j’essaye de proposer une expérience aux personnes qui viennent aux soirées.

Ton festival se tient où?

Il va y avoir plusieurs lieux : Le Point Ephémère, Le Pavillon des Canaux, La Petite Halle de La Villette… Ça va être un peu partout, à la Machine du Moulin-Rouge aussi pour un talk : on va être un peu dispersé·e·s dans Paris.

Tu as d’autres projets en plus du Sabor Latino Month ?

Il y a le podcast « Ça vient d’où? » qui sortira bientôt et que j’ai réalisé avec huit autres jeunes. C’est un projet qu’on a réalisé avec Yard et Apple et qu’on aimerait beaucoup continuer de développer. Il y a une campagne Foot Locker qui se prépare aussi. Je suis super fière parce que j’y ai travaillé en tant que stockiste et maintenant, j’en suis à faire une campagne. C’est un peu ma fierté de ces dernières semaines.

Ton exposition aura lieu dans quel Foot Locker ?

Ce sera celui du Marais, l’exposition devrait commencer autour du 19 octobre et elle durera un mois, voire un mois et demi. Et c’est cool parce que le projet, c’est de mettre en avant les femmes qui travaillent chez Foot Locker. J’ai eu un peu carte blanche. J’ai décidé de montrer les talents ou les parcours de ces femmes. Des comme moi qui travaillent et qui, à côté, font de la danse de haut niveau, des sportives… Je souhaitais aussi faire voir que ce sont en majorité des mamans qui travaillent pour l’enseigne. Il y a une dame avec qui j’ai travaillé et dont j’étais très proche. Je lui ai proposé de poser pour moi avec ses enfants pour raconter son histoire. J’étais très stressée qu’elle n’accepte pas, mais elle a dit oui ! Guettez mon compte pour découvrir le programme.

Claudia Rivera », Paris (France), 2022.
par Sandra Gomes – @1993initiales

Propos recueillis par Nilyyah