EXPO Viva Varda!

La Cinémathèque française rend hommage à la réalisatrice Agnès Varda, féministe joyeuse et libre, morte en 2019 à l’âge de 90 ans. L’exposition Viva Varda! raconte la femme indépendante, combative et créative qu’elle a été. Et la précurseure. Car c’est une femme qui est à l’origine du courant cinématographique appelé la Nouvelle Vague: c’est Agnès. Viva Varda.

«Parfois on me demande si je suis encore féministe, comme si c’était une maladie», déclarait Agnès Varda en 2017. Quarante ans plus tôt, elle tournait L’une chante, l’autre pas, son film le plus engagé en faveur des droits des femmes, dont l’accès à l’IVG. Déjà en 1954, elle réalisait, à 26 ans, son premier film, la Pointe courte, trop longtemps resté dans l’ombre des titres célèbres –bien que plus tardifs que le sien– que sont A bout de souffle, de Jean-Luc Godard, et Les Quatre Cents Coups, de François Truffaut. La Pointe courte est pourtant LE film qui a révolutionné le cinéma français. On trouve dans ce coup d’essai toutes les caractéristiques de l’école esthétique baptisée Nouvelle Vague: tournage en équipe réduite dans des décors naturels sans scénario rigide, mêlant naturalisme et stylisation romanesque. Avec ce film, la réalisatrice s’émancipe des règles cinématographiques en usage en donnant autant d’importance aux personnages féminins qu’aux masculins, c’est-à-dire autant au travail des villageoises qu’à celui des pêcheurs, à Silvia Monfort –qui n’est pas réduite à un rôle de faire-valoir, de muse ou d’objet de désir–, qu’à Philippe Noiret. Agnès Varda est une précurseure.

«Je ne choisis jamais une seule version des choses. Il me semble injuste de montrer tant de soleil et de couleur sans aussitôt montrer les ombres mauves et les visages d’une foule anonyme», Agnès Varda

Photographe, cinéaste et artiste plasticienne, Varda a déployé sur soixante-dix ans une œuvre personnelle et fondamentalement ancrée dans son temps. Sa filmographie compte plus de 40 courts et longs métrages, entre fictions et documentaires. Elle est l’une des rares femmes de sa génération à avoir fait carrière en tant que réalisatrice.

Au fil de l’exposition produite et réalisée par la Cinémathèque française, on traverse des salles thématiques jalonnées de photos, de costumes et d’installations. On revisite une œuvre polymorphe, traversée par le féminisme et la marginalité. Une œuvre qui est encore aujourd’hui d’une grande actualité. On a souvent parlé des multiples vies d’Agnès Varda, comme photographe, comme cinéaste et comme plasticienne, mais il reste évident que les traces qu’elle a laissées auront plusieurs vies elles aussi. Comme les chats qu’elle affectionnait tant, et avec lesquels elle aimait poser.

Curieuse du monde, Agnès Varda était une globe-trotteuse, documentariste avec Black Panthers (1968) et Lions Love (… and Lies), sorti en 1970, et également une cinéaste du voisinage avec Daguerréotypes (1975), où elle met en scène les commerçants de sa rue. La réalisatrice de Sans toit ni loi (1985), qui n’a jamais cessé de se réinventer, était une féministe joyeuse et libre. «Je ne sais pas à quel moment j’ai pris conscience qu’être libre n’était pas seulement la question, mais que le combat des femmes serait collectif ou ne serait pas», disait-elle.
Geronemo

L’exposition Viva Varda! est à découvrir jusqu’au 28 janvier 2024 à la Cinémathèque de Paris, au 51, rue de Bercy (75012).
Les horaires: fermé le mardi et ouvert les autres jours de 12 à 19 heures (sauf nocturnes du jeudi). Le week-end, les portes ouvrent une heure plus tôt, à 11 heures. Attention, le 11 janvier, l’expo fermera exceptionnellement à 18 heures.
Les tarifs: 6€ (– de 18 ans et personnes en situation de handicap), 9,50€ (18-25 ans), 12€ pour le plein tarif, et 14€ pour une visite guidée éventuellement (les samedis et les dimanches à 16h30). Les nocturnes, jusqu’à 21 heures chaque deuxième jeudi du mois, sont gratuites pour les moins de 26 ans. C’est gratuit, oui, mais il faut s’inscrire sur le site au préalable. Pour en savoir plus.
Et pour y aller: retrouvez ici toutes les infos pratiques.