5 QUESTIONS À… Bruno Gaccio

Avec l’ex-plume des Guignols de l’info, on a discuté de politique italienne, de théâtre, d’écriture et de cuisine. Vous êtes servi.e.s: Bruno Gaccio nous a même donné sa recette de pâtes à l’ail.

1 Tu es d’origine italienne. La nouvelle de la nomination de Giorgia Meloni comme Première ministre italienne t’a fait quel effet?
Que la continuité des grands cycles à travers le temps ne s’arrête jamais: le fascisme arrive toujours après le libéralisme, qui succède toujours à la social-démocratie, qui a dévoyé les mesures radicales indispensables prises à la suite de la guerre, qui succède à l’arrivée du fascisme au pouvoir… L’étape d’après: c’est la guerre. La forme reste encore à définir, mais ce sera la guerre. Bonne chance à tous.

2 Meloni attaque en justice le journaliste Roberto Saviano pour diffamation pour sa prise de position en faveur des migrants en 2020. Il risque trois ans de prison. Toi qui es attaché à la liberté d’expression, qu’en dis-tu?
S’en prendre à la parole libre, c’est une habitude chez les fascistes (quel que soit le nom qu’on leur donne selon les différentes époques de l’Histoire). Après avoir hurlé à la censure les concernant, en arrivant au pouvoir ils font taire ceux qui les critiquent. C’est un classique. J’en dis que nous sommes au moment de l’arrivée au pouvoir du fascisme partout. Que le dire, s’en inquiéter, appeler à la lutte parce que l’histoire se répète, est devenu source de moqueries: «ouah, l’aut’… ha ha, point de Godwin… hé!». L’idiotie, l’inculture, le cynisme sont autant de faiblesses qui se répandent et qui mènent à la catastrophe. Bonne chance à tous.

3 Tu as été l’une des plumes des Guignols de l’info (Canal+) sur la période 1992-2007. Aujourd’hui les guignols de l’info, c’est qui pour toi?
J’ai fait 15 ans et 16 saisons des Guignols. Les guignols de l’info, aujourd’hui, ce sont les 4 chaînes d’infos en continu mais en pas drôles. Au total, ils sont 9 milliardaires à posséder 90% des médias*. Aucune chance qu’il y en ait un seul pour financer une émission qui risquerait de lui faire perdre une influence qu’il a payée très cher, parce que «si ça passe à la télé, c’est que c’est daubé.» Donc c’est mort. Bonne chance à tous?

4 Tu as rejoué récemment Les Pâtes à l’ail avec ton complice Philippe Giangreco au festival des Larmes du rire. Tu nous partages ta recette perso de ce plat originaire du nord de l’Italie?
Huile d’olive + ail en grande quantité + persil plat. Tu jettes les pâtes al dente dans la poêle et tu remues très fort avec un peu d’eau de cuisson : ça fait mousser un peu et ça renforce le goût de l’ail. Mais ça ne sera pas bon si tu n’ajoutes pas l’ingrédient principal: de l’amour. Par poignées entières, en vrac… des tonnes! C’est ça qui fait les bonnes pâtes à l’ail.

5 Que fais-tu en ce moment, et c’est quoi tes projets pour 2023?
J’écris au jour le jour un roman policier que j’offre gratuitement à la lecture sur mon compte Facebook. Je poste environ 5 pages par jour. J’en suis à 20 publications. C’est une expérience d’écriture quotidienne, un partage. Pour voir où ça va. C’est assez exaltant d’écrire comme ça, d’avoir entre 5000 et 10000 lectrices et lecteurs quotidien.ne.s (ça dépend des jours et de l’heure de publication) et des commentaires en direct. Je ne sais pas encore comment se termine l’histoire, mais je vais aller au bout.

Au début de l’année, en février-mars, on a 25 dates de tournées à honorer pour Les Pâtes à l’ail. Sinon, après ? Bah, je suis retraité moi. Donc, je vis avec bonheur.

Propos recueillis par Claudine Cordani

* (Source : « Pluralité et concentration des médias en France », article du 10 novembre 2022, rubrique droit du site affichesparisiennes.com

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