LIBRES PALABRES La voix de la vieillesse

« Je suis vieille et je vous emmerde », ainsi l’écrivaine et journaliste Laure Adler titrait-elle son article paru dans le Libération du 8 août dernier. Une affirmation libératrice et dénonciatrice du regard que la société porte sur les femmes âgées. En 2009, Brigitte Fontaine chantait déjà dans Prohibition : « Les vieux sont jetés aux orties, à l’asile, au château à l’oubli, voici ce qui m’attend demain si jamais je perds mon chemin… »

Il est important de réaliser que l’image de la vieillesse en 2022 a changé de visage, avec ou sans crème «anti-âge». Aujourd’hui, vieillir n’est plus considéré comme une honte pour beaucoup d’entre nous –contrairement à ce qui a été véhiculé par et dans la société depuis des années et des années. L’action de vieillir est un processus naturel à qui il est important de redorer le blason. L’accepter, c’est se délivrer d’un terrible diktat: « Sois vieille et tais-toi ». Que dire, alors, de la responsabilité des générations sur la transmission? Si on doit se taire après un certain âge et ne pas parler parce que trop jeune ou inexpérimentée… à quelle heure peut-on s’exprimer, je vous le demande? A quel moment on peut passer le relais de nos expériences aux plus jeunes? Sérieusement.

«En France, le nombre de centenaires, de 300 dans les années 1960, est passé à 3 000 en 1989, 6 000 en l’an 2000 et pourrait atteindre 150 000 en 2040»

Pour remonter le moral aux personnes que ces injonctions ont entravées dans leur liberté d’être et dans leur liberté de s’exprimer, le texte que vous allez lire devrait vous mettre un peu de baume au cœur. Voici un extrait tiré du Larousse médical sur le vieillissement des sociétés et des individus : « Dans les pays industrialisés, la part des plus de 65 ans, actuellement d’environ 14 % de la population totale, est estimée pour l’année 2040 (selon les taux actuels de mortalité) à 22 %. Ce bouleversement de la pyramide des âges est davantage dû à la diminution de la fécondité qu’à l’espérance de vie moyenne à la naissance. Par ailleurs, un nombre croissant de personnes atteint un âge très avancé. Ainsi, en France, le nombre de centenaires, de 300 dans les années 1960, est passé à 3 000 en 1989, 6 000 en l’an 2 000 et pourrait atteindre 150 000 en 2040. »

Inutile de vous dire que les «vieilles» vont emmerder leur monde encore longtemps à dire ce qu’elles pensent et à faire ce qu’elles veulent. Parce que, entre nous, on ne va pas non plus s’empêcher de respirer pour faire plaisir à certain.e.s, hein. Au contraire, on va continuer d’exister davantage. Parce qu’être vivante, ce n’est pas une question d’âge. Vous voilà prévenu.e.s.

Claudine Cordani

Attention, danger Edités chez Flammarion, Laure Adler a co-écrit plusieurs ouvrages sur la prétendue «dangerosité» des femmes. (Si en plus, elles sont vieilles… c’est le combo parfait de l’éternelle emmerdeuse dangereuse… ;)

Une collection à découvrir si vous voulez lire dangereusement:

– Les femmes qui écrivent vivent dangereusement (avec Stefan Bollmann)

– Les femmes artistes sont dangereuses (avec Camille Viéville).

– Les femmes qui aiment sont dangereuses (avec Elisa Lécosse).

– Les femmes qui lisent sont dangereuses (avec Stefan Bollmann).