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À L'ÉCRAN Tirailleurs

Nous avons demandé à Lila et Jefferson, un jeune couple sorti d’une salle de cinéma parisienne en larmes, de nous parler de Tirailleurs. L’histoire se déroule à Verdun durant la Première Guerre mondiale, guerre toujours dénommée «la grande boucherie». C’est le grand acteur français Omar Sy qui y tient le rôle principal. Dans le texte ci-dessous, le couple raconte à quatre mains sa découverte de ce pan de l’Histoire et les émotions qui l’ont submergé.

L’histoire

Bakary Diallo (Omar Sy) s’enrôle dans l’armée française au Sénégal pour rejoindre Thierno, son fils de 17 ans, qui a été recruté de force. Père et fils vont devoir affronter la guerre ensemble. Mais le jeune Thierno, à qui un officier va donner de plus en plus de responsabilités, va se lancer à corps perdu dans cette guerre. Pour le sauver et le ramener sain et sauf au pays natal, son père est prêt à tout.

Ce qu’on en a pensé

Le souffle coupé: c’est ainsi que nous avons passé près de deux heures à regarder Tirailleurs dans une salle de cinéma. Bien que nous soyons tous deux de jeunes adultes (22 ans et 28 ans) au fait de l’Histoire de leurs racines, nous nous sommes pris Tirailleurs de plein fouet. Le film raconte l’histoire des tirailleurs (en particulier sénégalais) durant la Première Guerre mondiale avec une justesse douloureuse.

Il nous a évoqué des problèmes qui persistent toujours, dans les habitudes, les attitudes et l’éducation des enfants d’immigré.e.s: le culte du silence et de la discrétion, l’effacement de soi en tant qu’individus pour n’être qu’un membre faisant partie du groupe. Ce qui a été induit par les colons pour briser et pouvoir utiliser des communautés entières sans se soucier des conséquences.

Comme on le voit dans le film, de nombreuses promesses ont été faites aux soldats sénégalais: obtenir des papiers français, toucher une retraite… Cela va finir par être fait... en 2023! Soit plus d’un siècle après la fin de la Première Guerre mondiale.

Cette réalité frappante fait office de piqûre de rappel quant à la condition de la descendance de ces peuples immigrés aujourd’hui, qui malheureusement ne semble pas si éloignée de celle de nos aïeux qui ont payé le prix fort pour nous donner la «chance» de pouvoir vivre et nous construire en France. Alors, comment ne pas penser à cette citation de Francis Blanche: «Face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement».

Force est de constater que des colons ont essayé de panser nos plaies encore à vif, bien qu’aujourd’hui rien n’ait vraiment changé… si ce n’est la façon dont on mène les guerres, les enjeux, qui diffèrent et les lieux. La condition des êtres humains poussés au front est sensiblement la même et la considération du sacrifice effectué reste inexistante.

Lila et Jefferson

Tirailleurs de Mathieu Vadepied, film franco-sénégalais, 2023. Genre: drame historique. Durée: 1h49.