← Retour Publié le

ESPACE DÉTENTE L’ASMR ou les bienfaits du son

A 37 ans, Sandra est l’une des premières ASMRistes françaises. Elle raconte comment cette pratique d’intense relaxation l’a aidée à combattre l’insomnie. Depuis le Sud de la France, elle nous a relaté sa rencontre avec l’ASMR*, méthode d’endormissement et d’ultra-détente qui vaut son pesant d’or. Une activité que Sandra a décidé de pratiquer gratuitement sur les RS. Au fait, l’ASMR c’est comme cet article, ça s’écoute au casque ou avec des écouteurs. ;)

Qui es-tu Sandra ?
Je vais avoir 37 ans. Je me définis aujourd’hui comme une accompagnatrice holistique. Je crée des choses avec mon cœur pour partager ce qui me fait du bien dans la vie.

Quand as-tu découvert les effets bénéfiques du son?
Il y a très longtemps, avec les bols tibétains. Pour ce qui est de l’ASMR, je l’ai découvert il y a huit ans à peu près, quand j’habitais à Paris. J’étais assistante de direction dans une entreprise du secteur de la finance, et j’avais du mal à dormir. J’ai eu une période d’insomnies et j’ai cherché sur YouTube des vidéos de relaxation, de méditation guidée. Je suis tombée sur des vidéos ASMR, qui étaient surtout anglo-saxonnes. Au début, je ne saisissais pas trop le principe (Rires) de ces vidéos-là: des personnes qui chuchotaient, qui tapaient sur des objets, qui faisaient semblant de me parler... C’était écrit roleplay, jeu de rôles, etc. Mais ça a fonctionné. Ça m’a calmée, ça a permis de m’endormir aussi. Au fur et à mesure, j’essayais de retrouver tous les soirs des vidéos qui affichaient ASMR. Ça m’a beaucoup plu. D’ailleurs, ça m’a fait penser à des moments précis. Par exemple, quand je vais chez la coiffeuse ou le coiffeur et qu’on me fait un shampooing, un massage et tout à coup... Pareil à la bibliothèque quand je faisais des études, le fait d’entendre des gens tourner les pages doucement et chuchoter, ça me détendait d’être dans cette ambiance.

A quel niveau ça agit pour que ça mette dans cet état?
Ça peut aller jusqu’à faire des frissons derrière le crâne ou être un pur moment de détente, de profonde relaxation. J’aime dire que c’est comme si j’étais dans un état d’hypnose, même si ce n’est pas de l’hypnose, mais c’est un peu quand même dans cet état d’esprit que je peux me trouver quand j’écoute et que je regarde des vidéos: dans un autre état.

Qu’est-ce que tu penses du format court, la dernière nouveauté ASMR?
J’ai été surprise de découvrir les formats courts sur Instagram («réels»), YouTube («shorts») et sur TikTok. Pour moi, l’ASMR ça reste une vidéo de relaxation, et j’aime les vidéos longues: d’une demi-heure, par exemple, pour avoir le temps de me détendre. Je n’y croyais pas trop... Mais il est vrai que je suis tombée, une nuit d’insomnie, sur une anglophone qui faisait des vidéos d’ASMR sur TikTok dans un format d’une minute. A l’écoute de sa voix, mon cerveau s’est «calmé». De juste l’écouter m’a fait beaucoup de bien. Je pense donc que ça peut fonctionner dans une société où tout va vite et où personne n’a le temps. (Rires) Par contre, je ne me serais pas endormie pour autant. Ce qui m’intéresse, ce sont les formats longs. Mais il est quand même intéressant de voir que dans n’importe quel secteur, on essaie toujours d’adapter une idée à un format qui fonctionne à ce moment-là. Les ASMRistes essaient de le faire en format court. Je comprends, il faut s’adapter mais, en même temps, est-ce que c’est vraiment efficace?

Les mots qui définissent le mieux l’ASMR selon toi?
Détente, bien-être, lâcher-prise, reconnection aux sens, pleine conscience, instant présent.

Tu as grandi en région parisienne, travaillé et vécu à Paris. Un jour, tu décides de tout quitter pour t’installer dans le Sud de la France...
Oui, c’était une envie de découvrir autre chose, de voir comment c’était ailleurs. J’ai pas mal voyagé. J’ai eu la chance de voyager jeune avec des parents qui travaillaient dans une agence de voyages. Mon mari avait beaucoup voyagé lui aussi. Après trente belles années à Paris, on s’est dit qu’on avait envie d’autre chose. Et voilà, on est descendu.e.s dans le Sud, on a fondé une famille, et on a eu plein de nouveaux projets!

Cette étape de quitter Paris a été très dure. Parce que c’est difficile de quitter son travail, sa famille, ses ami.e.s, un appart’. Mais une fois qu’on l’a fait, on n’a plus peur de quoique ce soit. Comme si on se disait “on a fait ça, ça a été ultra-dur pour nous, mais on a réussi: on l’a fait”. Après, on a monté plein de projets, on en a créés ensemble, séparément, etc.

En fait c’est ça la vie. C’est d’oser. Et plus tu oses, plus tu as confiance en toi, plus tu réalises que tu es capable de faire plein de choses.

Dans une de tes vidéos, tu dis ne pas souhaiter multiplier les actions commerciales, préférant être sélective dans les partenariats. Une question d’éthique?
Oui, c’est pour une raison d’éthique. Quand j’ai lancé ma chaîne YouTube, on m’a proposé des partenariats que j’ai refusés car je n’étais pas à l’aise avec ça. Je me suis rendu compte, en regardant des vidéo d’ASMR, qu’il y avait des collaborations un peu partout. Je me suis dit qu’il fallait peut-être que je m’ouvre à ça. Mais les marques qui continuaient à me contacter et moi n’étions pas du tout dans les mêmes valeurs. Ça ne «matchait» jamais pour ces raisons. Il fallait réunir trop de conditions importantes pour moi: être une marque responsable qui s’intéresse aussi bien aux êtres humains qu’au bien-être animal, qu’à l’écologie, la planète, etc. Donc, j’ai continué à refuser. J’ai toujours pris énormément de temps pour aller «fouiller» et voir ce qui se passe derrière ce qu’affichent les marques. Je n’accepte pas juste leur offre et prends mon chèque en mode: «Merci, au revoir.» Ça prend beaucoup de temps, mais je sais que ma communauté me fait confiance, et je n’ai pas envie d’accepter tout et n’importe quoi. Pourtant, il est facile de faire des partenariats très bien payés. Quant à moi, je préfère travailler avec des marques respectueuses. Et c’est compliqué parce que ces marques-là n’ont souvent pas le budget pour rémunérer une créatrice ou un créateur de contenus. Celles et ceux qui ont le plus d’argent ne sont pas forcément les plus éthiques... J’ai refusé des partenariats de marques dégueulasses qui proposent des chèques de 10000 euros pour des placements de produit(s). Moi, je privilégie de mettre en avant des marques éthiques qui n’ont pas beaucoup de visibilité, mais qui font avec tout leur cœur des produits de dingues – sans aucune rémunération à la clé.

Tu fais un vrai choix...
C’est un choix qui n’est pas évident parce que, encore une fois, aujourd’hui les personnes qui créent du contenu sur les réseaux sont rémunérées grâce à leurs partenariats.

Penses-tu que des influenceuses et des influenceurs ASMR font du tort à cette pratique en s’associant avec un nombre important de marques, perdant ainsi sa dimension ludique et bienveillante?
Je réponds d’abord que je comprends leur choix dans le sens où je ne connais pas leur situation. Peut-être que tel.le ou tel.le créatrice ou créateur de contenus a financièrement

besoin de trouver des solutions. On ne sait pas. Si ce n’est pas la cas, je pense qu’il existe d’autres façons de pouvoir se rémunérer.
Oui, ça fait du tort parce que je reste une grande amatrice d’ASMR. Mais aujourd’hui, je regarde très peu de vidéos parce que je n’arrive plus à trouver de vidéos sans placement(s) de produits. De temps en temps, je comprends qu’il y en ait, mais aujourd’hui ça n’est quasiment que ça. Moi, je n’arrive plus à me détendre. C’est pourtant le but de l’ASMR de pouvoir regarder une vidéo «neutre», où la principale actrice, le principal acteur reste la personne, et non pas un produit à mettre en avant.

Jeu de cartes peintes, essentielles huiles de ta fabrication, séminaires sorores, tu n’arrêtes jamais de développer, de créer. C’est le processus de création qui te nourrit et t’équilibre?
Oui, je crois que j’ai mis le doigt sur le processus de création quand j’ai appris à comprendre mes cycles féminins. Plus j’apprends à me connaître et à reconnaître dans quelle énergie je suis dans la période u mois, et plus je connais mes besoins pour m’équilibrer au mieux. Par exemple, si j’ai besoin de repos, je me repose. Quand j’ai les idées qui fusent, j’écris. Après l’écriture, quand je dois me mettre à l’action, je passe à l’action. C’est fluide.

Tu organises des événements pour partager tes pratiques relaxantes et de (re)connection à soi et au vivant qui nous entoure. Tu offres sur YouTube des vidéos ASMR à des personnes en quête d’authenticité de pratiques naturelles et spirituelles. Pourquoi tu fais ça?
Ma chaîne YouTube, c’est moi. Elle montre comment je chemine depuis sept ans. Quand je revois les premières vidéos du temps où je vivais dans un appart’ parisien et les dernières, je me rends compte du cheminement. Je partage à chaque vidéo ce qui me fait vibrer, ce qui me fait du bien. On prend ou on ne prend pas mais, moi, en tout cas, je veux être là pour partager ça. Dans ma vidéo, également par rapport à tout ce que j’organise à côté. Depuis quelques années, j’ai envie de communiquer aux autres ce qui m’a fait du bien dans la vie à des moments où j’étais dans des énergies plus lourdes, plus basses, ce qui m’a portée m’emplit le cœur. Je me suis dit que ça pouvait peut-être faire du bien aux autres. En fait, je partage des outils, que j’espère inspirants, dans mes vidéos comme dans la vraie vie!

Dans tes vidéos, la vie bouge tout le temps. Tu partages des moments importants, des questionnements, des réflexions personnelles, on peut te voir un peu comme une «passeuse d’expériences»...
J’ai profondément envie de garder ce côté d’échanges humains. A travers les réseaux qui se développent aujourd’hui, on ne sait pas trop où se trouve l’authenticité. Je trouve important de continuer à faire circuler entre nous nos expériences. Montrer que ça reste des expériences, que ça peut marcher ou pas. Le but est de créer la vie qu’on souhaite autant que possible. Autant essayer, réadapter quand cela ne se passe pas comme on le pensait, etc. Dans tous les cas, je pense qu’on ne pourra jamais regretter d’avoir osé essayer. Et j’espère que c’est ce qui inspire les personnes qui regardent mes contenus.

Justement, tu remets l’être humain et le vivant au centre de tes contenus en distillant des valeurs saines hors des discours matérialiste. Pour toi, la quête du bonheur n’est pas une question d’argent et pourrait être plus simple qu’on ne le pense?
Après, j’ai des choses à vendre sur mon site Internet: c’est un bon compromis pour moi de l’avoir, plutôt que de faire des partenariats. On ne va pas se voiler la face, il faut payer le loyer, faire les courses, régler les factures, etc. Nous, on vit selon un minimum. [Sandra vit avec son mari, leur enfant et leur chien, NDLR.] Je nous souhaite de pouvoir peut-être avoir les moyens de voyager.

Je trouvais que créer des choses avec mon cœur et les vendre, ça faisait plus sens pour moi, et de pouvoir me dire: “OK, là, tu vas créer une huile qui va inciter les gens à se créer un petit rituel, un temps pour eux”, avec des huiles essentielles sélectionnées pour faire du bien au moral, ou des cartes positives que j’ai peintes. J’ai aussi réalisé un soleil en argile, où j’ai marqué «Rayonne». Je suis tellement contente de me dire qu’il y a des gens qui l’ont chez eux. Qui, peut-être en la voyant, se diront: “C’est vrai, moi aussi j’ai le droit de rayonner!”»

Propos recueillis par Claudine Cordani
* ASMR pour Autonomous Sensory Meridian Response, qui peut être traduit par réponse autonome des méridiens sensoriels.

Pour en savoir plus
Ecouter Sandra ASMR sur sa chaîne YouTube
Découvrir son univers et son site