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CULTURE ET SPORT Rien à foot

«Une fille, maintenant, il faut qu’elle s’impose partout»

Rencontre dans un parc de l’Est parisien d’une mère et de sa fille, qui jouait au football. On a discuté de découverte et de pratique du ballon rond, ainsi que de la place des femmes dans la société. Instructif.
«A Alger, j’ai vu mes cousines se rouler par terre pour un tir raté ou pour fêter une victoire.» Leïla* a 48 ans, et elle adore regarder les matchs de foot en famille depuis qu’elle est petite. Elle a grandi dans la capitale algérienne dans les années 1980. D’obédience musulmane, elle porte un foulard mais pas sa fille Tina*, 13 ans, qui a les cheveux longs et les porte attachés aujourd’hui, football oblige. La jeune Tina est en pantalon, tee-shirt et baskets et ne lâche pas le ballon. Elle joue avec deux cousins.

C’est depuis la Coupe du monde de 2018 qu’elle s’est passionnée pour ce sport, en regardant, elle aussi, les matchs en famille. Puis, elle a joué lors des récrés, en primaire, avec des filles et des garçons. Ses copines actuelles n’y jouent pas, elles, mais la regardent à l’école, et elles trouvent que Tina joue bien. La jeune footballeuse, qui joue hors école avec son frère et son frère, ne prévoit pas de jouer en club. Le poste qu’elle préfère c’est milieu de terrain, c’est-à-dire à la défense et à l’attaque. Et quand on lui demande si c’est dur de jouer avec des garçons, Tina répond: «Non, moi, je m’impose.»

La maman qui ne joue pas, mais qui regarde les matchs complète: «Une fille, maintenant, il faut qu’elle s’impose partout. Je trouve que la femme et la fille sont moins respectées qu’avant. Par exemple, je trouve que mon mari est plus respectueux envers moi que beaucoup de jeunes que je croise, et qui parlent mal et se comportent mal avec leur copine.»

Claudine Cordani

* Les prénoms ont été changés.