MUSES.IK Eartha Kitt

Artiste américaine polyvalente, Eartha Kitt a chanté, dansé et tourné dans des films. Elegante et sensuelle, elle joue au théâtre, au cinéma et pour la télé dans le monde entier –sans oublier de s’investir dans des engagements sociaux. Parcours d’une grande artiste qui a disparu en décembre 2008, devenue égérie gay dans les années disco.

Née en 1927 dans l’Etat ségrégationniste de la Caroline du Sud, Eartha Kitt n’a pas eu une enfance tranquille. Elle est l’enfant du viol d’Annie Mae Keith, afro-américaine d’ascendance cherokee, par un homme blanc dont on ne connaît pas l’identité. Annie Mae avait 14 ans.
Sa mère et son beau-père, William Kitt, sont des métayers pauvres. Ils la nomment Eartha pour remercier la Terre (Earth) de la bonne récolte qui a précédé sa naissance. Mais les déchirements ne sont pas terminés: son beau-père quitte le foyer, puis le nouveau compagnon de sa mère la force à placer Eartha, 6 ans, dans une famille. Pour payer les frais de garde, la petite Eartha doit faire la cuisine, jardiner, et participer à la récolte du coton. Après ces tribulations, Eartha est finalement recueillie deux ans plus tard par sa tante, qui vit dans le quartier italo-portoricain de Harlem, à Manhattan (New York).
A 16 ans, elle intègre une troupe de danse et participe à des tournées au Mexique, en Amérique du Sud et en Europe. A 23, elle la quitte et s’installe à Paris pour devenir chanteuse de cabaret, notamment au Bœuf sur le toit, où elle commence à se faire un nom: Miss Kitt.
La jeune créole devient une figure internationale de l’élégance et de la sensualité. En 1950, elle est choisie par Orson Wells pour incarner Hélène de Troie dans Time Runs sur une scène parisienne. Après un excellent accueil, elle tourne en Allemagne et en Turquie, avant de retourner en Amérique et d’accéder à la popularité en jouant à Broadway et en sortant ses premiers albums.

Ses cendres sont enterrées dans un parc au pied d’une fontaine pour oiseaux dans un lieu tenu secret

Artiste complète, Eartha chante dans dix langues différentes et se produit dans des dizaines de pays. C’est dans les années 1950 qu’elle enregistre ses plus grands succès: C’est si bon (mars 1953) et un morceau parodie Santa Baby (octobre 1953). En 1954-55, elle est applaudie à Broadway dans la comédie musicale Mrs. Patterson. Elle tourne pour le cinéma en 1957 dans The Mark of The Hawk, avec Sidney Poitier.
En 1960, elle épouse John William McDonald. Ils ont une fille, Kitt McDonald. En 1967, Eartha incarne Catwoman dans la célèbre série télé Batman. L’année suivante, elle provoque un malaise lors d’un déjeuner organisé à la Maison-Blanche par la Première dame, Lady Bird Johnson, en s’adressant à elle et en se prononçant contre la guerre au Vietnam.
Eartha se retrouve mise à l’index aux Etats-Unis et contrainte de poursuivre sa carrière à l’étranger jusqu’en 1974. En effet, en parallèle à sa carrière artistique, elle s’investit dans des causes sociales dès les années 1960. Elle fonde une organisation à but non lucratif destinée à aider les enfants défavorisés de Watts, le quartier pauvre et racisé de Los Angeles. Et, dans la banlieue de Washington, elle s’implique avec le collectif de jeunes de quartier Rebels With A Cause (Rebelles avec une cause) pour créer des zones de loisirs afin de lutter contre le désœuvrement des jeunes et les écarter des problèmes de la rue.
En 1983, Eartha devient, avec sa voix rauque et suave, l’égérie de la génération gay. Son titre disco I Want A Man anime les dance floors du monde entier. Suivront avec le même succès I Love Men (1984), This Is My Life et I Don’t Care (1986).
La chanteuse meurt des suites d’un cancer au New York Presbyterian Hospital en décembre 2008, à l’âge de 81 ans. Sa fille, Kitt McDonald, a raconté les derniers instants de sa mère: «J’étais avec elle quand elle est morte. Elle a quitté le monde criant littéralement avec le haut de ses poumons. Elle est partie dans une explosion. Elle est partie comme elle a vécu. Elle a hurlé son départ.»
Après ses funérailles, la dépouille d’Eartha est incinérée et ses cendres enterrées dans un parc au pied d’une fontaine pour oiseaux dans un lieu tenu secret.
Geronemo