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SUR SCÈNE Les Déesses de la fesse

Les Cœurs de l’armée rose ont eu bien du culot ce 10 janvier à Paris 20e. Au Cirque électrique, la compagnie jouait Les Déesses de la fesse, un spectacle burlesque, qui mélange nudité pailletée et chansons engagées. Et c’est drôlement osé!

Nue avec une longue perruque blonde dans un décor kitsch à paillettes, Eve ouvre le spectacle portée par les cris du public. Il est 21 heures. Au Cirque électrique, la salle est pleine à craquer. Assis sur des gradins, par terre sur des coussins et même dans les escaliers, le public a dû s’entasser pour venir applaudir Les Cœurs de l’armée rose dans son spectacle Les Déesses de la fesse.

En 2018, quatre amies trentenaires se réunissent pour créer un spectacle burlesque, engagé et féministe. C’est un voyage à travers de grandes figures féminines revisitées qui commence: Eve assiste à un strip-tease d’Adam après être entrée dans un vagin géant, Jeanne d’arc se dénude face aux injonctions d’un dieu beauf et pervers, et Marie-Antoinette, seins à l’air, jette des brioches sur le public en l’encourageant à rejoindre dimanche la manifestation contre la loi Darmanin [Deux mobilisations sont prévues les 14 et 21 janvier contre la loi immigration, NDLR].

«C’est un spectacle à double niveau. Il peut paraître débile à première vue mais en réalité il y a des messages que l’on veut faire passer », explique Manon David, une des Déesses. Le public se prend rapidement au jeu et participe volontiers, tapant des mains pour accompagner la musique, jetant de l’eau sur Jeanne d’Arc pour la sauver du bûcher, ou encore redistribuant les brioches et les faux billets roses qui lui ont été balancé.e.s.

Un défouloir sacrément culotté et «une grande bouffée d’oxygène»

Le spectacle évolue depuis six ans et, si la salle est pleine à craquer tous les mois depuis un an, les débuts ont été difficiles. «On n’avait pas de subventions, mais on a pris le taureau par les cornes. En 2018, on a commencé à jouer dans des squats, puis le bouche-à-oreille a fonctionné. C’est principalement comme ça qu’on s’est fait connaître. Le manque de moyens rend créatif», confie Manon.
Tout au long du spectacle, le pianiste accompagne les Déesses, qui l’ont mis cul nu dès le début. Le lever de rideau a vu la pudeur s’envoler. Hormis lorsqu’elles sont vêtues de résille, déguisées en méchante sirène ou en vieille féministe énervée, les Déesses ont les fesses qui claquent et les seins qui rebondissent. Ici la nudité est sublimée de paillettes sans jamais être sexualisée. «La nudité, c’est le vêtement que je préfère, je ne me sens jamais aussi bien que comme ça», confie Camille Chanmé, une autre des Déesses. La musique tient une place importante dans ce show, qui mêle comédie musicale, pantomime, burlesque et drag. Les voix sont tantôt douces et sensuelles, tantôt provocantes et dans le style surjoué, tandis que les textes restent poétiques et engagés, affichant parfois plus de légèreté: «Moins de police, plus de saucisses!»

Pour le public, hilare, le spectacle est un défouloir. «On vit dans un monde qui est dur, on a besoin d’avoir une grande bouffée d’oxygène, le but c’est de prendre un vent d’air frais qui fait tout oublier», explique encore Manon. Oui, Les Déesses de la fesse font rire… et réfléchir. Pour (re)voir le spectacle*, il vous faudra attendre le retour du printemps.
Océane Laffay, stagiaire

Les prochaines dates: du 17 au 20 avril 2024, du 15 au 18 mai, du 12 au 14 juin au Cirque électrique (Paris). Toutes les infos ici sur leur site et sur leur compte Instagram.