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ZOOM SUR… Comment Red Flag agit contre les VSS en soirée

Quelques-uns des flyers à thème (consentement, mixité choisie, culture du viol, intersectionnalité) que le collectif Red Flag met à disposition du public lors d’événements festifs.

En réponse à l’absence de lieux «sûrs» en soirée, le collectif Red Flag se crée en 2022. Leur objectif est double: soutenir les victimes en leur offrant un espace de parole ET sensibiliser sur les VSS et les viols. La petite dizaine de membres du collectif, qui ont la vingtaine, est bien déterminée à lutter contre ces fléaux sociétaux. Basé en région parisienne, Red Flag peut intervenir dans toute la France, et propose aussi des formations.

Formé en 2022, le collectif Red Flag prône un féminisme intersectionnel, c’est-à-dire une convergence des luttes contre toute forme d’oppression. Il intervient dans les milieux festifs pour prévenir et lutter contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) et les viols en créant un espace «safe» («sûr») en mixité choisie (regroupement de personnes ayant vécu l’expérience d’une même oppression). Red Flag, le collectif, se veut un signal d’alarme contre les comportements «problématiques», comme son nom l’indique.
En free-party (fête clandestine et gratuite) ou pour d’autres types de soirées, Red Flag arrive équipé avec tonnelle, coussins, guirlandes et flyers colorés pour recevoir la parole des victimes, leur offrir une oreille attentive, leur proposer un soutien et un suivi si besoin. Elles peuvent aider les victimes qui souhaitent porter plainte: «Si une personne a envie de s’adresser à la police, on l’accompagne. On s’assure aussi que les droits des personnes qui s’adressent aux instances soient respectés», explique Juliette, une des membres du collectif. La création de Red Flag vient d’un constat: «Nous avons toutes été plus ou moins touchées par les VSS, dans des contextes différents», confie Zoz. L’émotion est palpable, le sujet est délicat car des souvenirs reviennent en mémoire. Julie raconte les traumatismes vécus lors de sa dernière relation. C’est d’ailleurs elle qui a pris l’initiative il y a deux ans, de créer un groupe Whatsapp pour monter un collectif et pour s’entourer de personnes sexisées (victimes de sexisme) pouvant insuffler un élan de sororité, d’adelphité (terme neutre désignant la solidarité quelque soit le genre), dans les milieux festifs alternatifs. Elle ajoute avec une vive émotion dans la voix: «Les premiers moment où on s’est rencontrées, on a partagé nos expériences, et on a toutes vécu des événements plus ou moins traumatiques… »

Parler de VSS en soirée brise le mythe de la «fête parfaite», mais cela permet de visibiliser les VSS et les viols, et d’accompagner les victimes

Red Flag leur a permis de créer des liens forts et d’apporter aux autres l’espace et l’aide qu’elles auraient souhaité recevoir, même si parfois leur présence est remise en question. Juliette raconte que parler de VSS en soirée, ça brise le rêve du moment: «C’est dur d’accepter que lors d’une fête, qui se veut un moment de détente, il y a ce genre de problèmes. » Les membres du collectif n’hésitent pas à intervenir si elles remarquent des comportements suspects, les plus récurrents se sont «les mecs qui frottent les meufs et ne comprennent pas le problème, ils pensent que c’est de la drague mais c’est une oppression physique». Lorsqu’elles arrivent en soirée, les membres du collectif repèrent d’abord les lieux, les coins sombres et/ou cachés où il pourrait se dérouler des agressions à l’abri des regards. Pendant la fête, elles n’hésitent pas à intervenir, à s’approcher et à demander si tout se passe bien: «On met les pieds dans le plat. On préfère avoir l’air de grosses reloues mais, au moindre doute, on intervient.» Ce ne sont pas encore des professionnelles, les protocoles mis en place sont au cas par cas et résultent de leurs propres expériences. Leur volonté est de lutter de manière immédiate contre les VSS et les viols, et de rendre les milieux festifs plus sûrs et plus inclusifs. Pour cela, toutes passent énormément de temps à discuter avec les gens pour les sensibiliser à l’importance de telles actions. Le collectif propose de former les membres des organisations qui le souhaitent pour les aider à mettre en place leur propre stratégie de lutte envers les violences.
Un de leurs flyers rappelle les chiffres de l’association Consentis, dans les milieux festifs: «57% des femmes ne se sentent pas en sécurité seules, 60% des femmes ont été victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle». Leurs actions répondent à un véritable besoin, ce genre d’espace n’existe pas ou peu dans le monde de la nuit. Leur présence est globalement très appréciée, et beaucoup les remercient d’être là: «C’est un espace de parole qu’on offre, les personnes s’en saisissent», précise Luisa. Le collectif a la volonté de s’agrandir, de constituer une association et de se professionnaliser pour étendre leurs projets et multiplier leurs interventions dans les lieux festifs, où les VSS sont encore trop souvent silenciées.
Océane Laffay, stagiaire

En savoir plus
Vous pouvez retrouver d’autres informations concernant le collectif Red Flag sur leur page instagram : https://www.instagram.com/collectif.redflag/ et vous pouvez les contactez pour discuter ensemble d’une intervention ou d’une formation par mail à collectif_redflag_8@riseup.net